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Lancement du groupe de travail : Volontariat, jeunesse et TIC

Allocution de S.E. M. Adama Samassékou, Président de l’Académie Africaine de Langues, ancien Ministre de l'Education du Mali et Président des PrepComs de la phase de Genève du Sommet Mondial sur la Société
Adama Samassékou
24 Marcha 2005

Bamako, Mali

Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la République de Tunisie au Mali
Monsieur le Représentant du Ministère de la Jeunesse et des Sports
Monsieur le Représentant du Ministère de la Communication et des Nouvelles Technologies de l’Information
Mme la directrice de l’organisation IC Volontaires et Point de contact de la Famille des volontaires au SMSI

Honorables invités
Chers participants
Mesdames Messieurs

C’est avec grand plaisir que je prends la parole dans cet espace pour saluer l’initiative de la Famille des Volontaires et du Caucus des Jeunes du Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI) d’organiser cet atelier. En tant que Président d’honneur, j’ai eu l’occasion de suivre depuis un certain temps les activités de la Famille des Volontaires du SMSI, qui s’inscrive entièrement dans le processus du Sommet.

Lorsque j’ai eu le grand honneur et le privilège, au nom du Mali et de l’Afrique, d’être élu Président du PrepCom de la première phase du Sommet Mondial sur la Société de l’Information en juillet 2002 à Genève, je me suis très rapidement rendu compte qu’il s’agit là d’un Sommet très spécifique.

Spécifique, ce Sommet l’est d’abord par son objet lui-même: c’est la première fois que les Nations Unies organisent un Sommet sur la Société de l’Information, thématique complexe et nouvelle qui a exigé une longue et difficile période de construction d’une vision partagée de cette question. C’est ce à quoi fut essentiellement consacrée la phase de Genève.

Spécifique, ce Sommet l’est aussi par son organisation en deux phases. Résultat d’un compromis politique entre les deux pays candidats pour abriter le SMSI, cette articulation d’un même Sommet en deux phases, pour la première fois dans l’histoire des Sommets des Nations Unies, à Genève en 2003 et à Tunis en 2005, s’avère être très bénéfique pour ce processus complexe, parce qu’elle permet d’aborder sur la durée des questions difficiles et très sensibles, offrant ainsi l’opportunité d’étaler les problématiques dans le temps et de bâtir progressivement les consensus nécessaires.

Spécifique, ce Sommet l’est enfin parce qu’il met en scène, dans un même processus de négociation, plusieurs types d’acteurs, de nature et de statut différents, avec des préoccupations différentes et parfois divergentes, mais tous soucieux de participer à la construction de la nouvelle société et déterminés à défendre leurs intérêts, en revendiquant un rôle et une place spécifiques. En effet, la Résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies convoquant le Sommet invite les Gouvernements à participer au SMSI et encourage les organisations intergouvernementales, notamment les institutions internationales et régionales, ainsi que les organisations non gouvernementales, la société civile et le secteur privé, à contribuer activement au processus intergouvernemental préparatoire du Sommet et au Sommet proprement dit.

Les activités de la Famille des Volontaires et du Caucus des Jeunes est le fruit même de cette démarche multi-acteurs, car des volontaires et des jeunes se sont mobilisés pour non seulement participer au Sommet, mais de contribuer activement à ses résultats.

La Famille des Volontaires a intitulé son rapport de la première phase « Volontariat et TIC : Construire le cadre pour agir ». Depuis un peu plus d’une année, nous avons entamé la deuxième phase du Sommet qui elle est une phase de mise en oeuvre et d’action.

C’est dans cette démarche que s’inscrit le séminaire d’aujourd’hui et la création du groupe de travail qui en découlera. Les volontaires agissent souvent de défricheurs du futur, les jeunes sont notre société du futur. Il n’est donc pas un hasard que ce soit justement ces deux groupes qui nous incitent à réfléchir comment traduire les contenus de la Déclaration de Principes et du Plan d’action du Sommet en actions concrètes et adaptées pour le terrain et les réalités spécifiques du Mali, car en effet, les outils de la société de l’information ne servent uniquement si nous savons à nous en servir correctement, afin de transformer l’information à l’état but en savoirs partagés.

Je parle de la société des savoirs partagés parce que l'information n'a de valeur que dès lors qu'elle permet d'aboutir à quelque chose. En l'occurrence elle permet de construire des savoirs. L'UNESCO parle de la société des savoirs, mais en fait nous sommes dans la société des savoirs depuis le début de l'humanité La plus-value qu'apporte la société du numérique, en particulier Internet, c'est bien la possibilité extraordinaire de partager ces savoirs en temps réel. La nouvelle société en construction pourrait être appelée société de l'information, de la communication humaine, de la connaissance et des savoirs partagés. En effet, pour la première fois, un paysan de Diré, dans la région de Tombouctou, est potentiellement en mesure de produire, d'organiser, de systématiser et de partager ses propres savoirs grâce au net pour peu qu'il ait à disposition les infrastructures capables de prendre en compte sa langue. Il pourrait ainsi envisager de communiquer au paysan suisse du Valais sa propre vision et son savoir-faire. Et ça, c'est fantastique ! Le maître de la parole du pays Mandé peut communiquer avec les communautés afro-brési-liennes sur les relations entre l'Afrique et la terre des Amériques au XIXe siècle à l'époque de l'empire du Mali.

Disposant d'une expertise du cyber-espace, les volontaires et les jeunes peuvent accompagner le paysan en l'aidant à mieux construire les modalités de transmission de son savoir. Ces deux groupes sont d’ailleurs étroitement liés dans la mesure où tous les volontaires ne sont pas jeunes, mais beaucoup de jeunes engagés le font en fait sur une base de volontariat. Le volontaire étant souvent d'une autre culture, le jeune d’une autre génération, ils peuvent être un miroir accompagnateur et le médiateur entre les cultures pour le partage des connaissances. Ce n'est pas une question de transfert des connaissances, mais plutôt de co-construction des savoirs nouveaux. De ce point de vue, les volontaires sont souvent des pionniers et jouent un rôle de défricheur du futur, car il rêve avec les communautés d'accueil d'une société meilleure, plus équitable et plus juste.

D’une manière plus générale, le volontariat est l'un des espaces à réinvestir, dans un monde où plus que jamais la violence est généralisée, où nous voyons s'installer un processus de déshumanisation des relations interpersonnelles et une marchandisation des rapports entre acteurs dans un contexte marqué par la superpuissance de l'argent. L'espace du volontariat constitue un contre-pouvoir face à cette marchandisation, car les volontaires s'investissent pour un futur plus humain et plus solidaire.

Je salue donc non seulement la création du groupe de travail qui est l’objet même de notre rencontre d’aujourd’hui, mais je vous invite à y prendre part de façon active, afin d’impliquer activement la population malienne dans cette nouvelle société en construction et de permettre à la Famille des Volontaires et du Caucus de présenter des résultats concrets venant du Mali au moment du Sommet de Tunis au mois de novembre 2005.

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Le volontaire est un accompagnateur qui répond à une double demande: la sienne propre, d'aller découvrir d'autres horizons et de vivre auprès des communautés une expérience enrichissante pour lui-même, et la demande des communautés d'être accompagnées dans leurs efforts de maîtriser des innovations. Le volontaire participe donc à une dynamique qui existe sans lui… les acteurs locaux n'ont pas attendu son arrivée pour s'engager dans ce processus de maîtrise progressive de leur environnement au sens large du terme qu'en appelle communément le développement. Ainsi, conscient de son rôle et de sa place dans un tel processus, le volontaire, ce défricheur du futur, à l'instar des éducateurs en droit humain, sera mieux à même d'apporter sa contribution à la maîtrise par la communauté des nouvelles technologies de l'information et de la communication.

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