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Discours du Ministre de l'information et de la coopération panafricaine dans les NTIC du Sénégal

Dakar, Sénégal, 23 octobre 2003
S.E. M. Mamadou Diop Decroix
23 Octubre 2003

Symposium international sur le volontariat et le développement de compétences dans la société de l'information, Dakar 23-24-25 octobre 2003

Excellence Monsieur l'ambassadeur de Suisse au Sénégal,
Excellence Mme l'ambassadrice de la Francophonie,
M. le Directeur,
Mme la Présidente de la Conférence des ONG en Relation Consultative avec les Nations Unies,
Honorables invités,
Madame,
Messieurs,

C'est un grand honneur que la famille des volontaires a fait au Sénégal et à l'Afrique, en décidant d'organiser à Dakar la réunion préparatoire à sa contribution au Sommet mondial sur la société de l'information qui se tiendra à Genève du 10 au 12 décembre 2003.

Le Président Abdoulaye Wade, l'un des principaux initiateurs du NEPAD et coordinateur de $son volet NTIC m'a chargé de le représenter à vos côtés à l'occasion de l'ouverture de vos importantes assises. Les obligations d'un calendrier extrêmement chargé ne lui ont pas permis comme il l'avait souhaité de venir communier directement avec vous sur des sujets liés au développement des ressources humaines, que vous avez choisi d'explorer et auxquels il prête la plus grande attention.

Je voudrais avant tout souhaiter la bienvenue en terre sénégalaise à tous ces militants du volontariat venus de tous les continents, qui nous font l'amitié de découvrir notre pays à l'occasion de cet important symposium international que vous centrez sur le thème du volontariat et du développement de compétences humaines dans la société de l'information.

Le Sommet Mondial sur la Société de l'Information est, pour la première fois dans la longue histoire des sommets réunis sous l'égide des Nations Unies, conjointement organisé par la société civile, le secteur privé et les pouvoirs publics, tous représentés au sein d'un même secrétariat. Des 22 familles de la société civile partie prenante du processus, la famille des volontaires, la vôtre, est sans nul doute un des acteurs clé de la solidarité, avec des centaines de millions d'hommes et de femmes qui oeuvrent avec dévouement et abnégation partout où des gens ont besoin d'assistance et de soutien pour combler des déficits qui les marginalisent.

Par la Résolution A/57/L.8 votée en octobre 2002 à la suite de l'Année Internationale des Volontaires 2001, l'Assemblée Générale des Nations Unies a reconnu la contribution appréciable du volontariat pour le développement économique et social, et réaffirmé le rôle important qu'il joue dans toute stratégie visant à la réduction de la pauvreté et au développement durable, notamment à l'atteinte des objectifs fixés dans la Déclaration du Millénium. Tout cela a fait dire au Secrétaire Général de l'ONU, M. Kofi Annan que : " Le volontariat et l'expression la plus élevée de ce que sont les Nations Unies. "

La société de l'information qui se met en place, est en grande partie possible grâce surtout au développement de cet outil extraordinaire qu'est Internet. Or, donc que serait devenu l'Internet n'eut été l'action décisive des volontaires souvent anonymes qui ont bénévolement travaillé à la mise en oeuvre de ses protocoles et au développement de ses outils de base y compris le plus important : le browser.

Excellence, Madame, Messieurs ;

Il est indubitable que la lame de fond qui déferle sur le monde entier, protée par ce qu'on désigne communément par Technologies de l'Information et de la Communication (TIC), menace de marginaliser dangereusement tous ceux qui n'en auront pas saisi les enjeux.

Le téléphone, la radio, la télévision, et l'ordinateur pour ne citer que ces moyens de communication marquant du 20ème siècle ont chacun évolué selon des modalités qui leur ont assigné des fonctions précises auxquelles correspondent des formes spécifiques d'utilisation ; leur convergence dans Internet laisse entrevoir des mutations structurelles dont il est difficile d'imaginer toutes les conséquences sur l'évolution de nos sociétés.

Les effets des nouvelles technologies sur les manières dont nous travaillons, pensons, réagissons et socialisons nos relations posent déjà des problèmes forts complexes aux décideurs et aux citoyens entraînant quelques fois des réactions de rejet ou de suspicion qui témoignent de l'impréparation manifeste de nos sociétés -- du Nord comme du Sud -- à assumer le passage de l'ère industrielle à l'ère informationnelle. 

La révolution numérique qui impulse et organise la dématérialisation accélérée des relations économiques, n'ignore aucun territoire de l'activité humaine contemporaine. L'information et les technologies de communication qui la portent redessinent l'espace du savoir et élargissent le champ de la connaissance.

A l'évidence, cette révolution affectera tout à la fois la sphère publique et celle privée, englobera la dimension professionnelle et celle de l'activité personnelle, et aura un impact local et global.

Jusqu'au début des années 90, les technologies de l'information ont avant tout servi à automatiser des tâches, sans transformer le fonctionnement même de l'économie ou de la société. Désormais, trois phénomènes récents se conjuguent pour faire des ces technologies les moteurs d'une très profonde mutation :

  • Le multimédia qui en faisant disparaître les barrières entre les différentes formes de communication ouvre le champ à des formes inédites d'expression ;

  • Les technologies mobiles, qui détendent le lien entre l'individu et ses lieux d'évolution (domicile, travail, école) donnant ainsi une illusion d'ibuquité ;

  • L'Internet, qui "réseaute" les conditions des échanges entre les individus ou entre les structures et rend opératoire une nouvelles forme d'intelligence baptisée "intelligence connective".

Dans le cyberespace, miroir du monde réel, dont l'évolution imprévisible pourrait en faire un monde virtuel déconnecté des contingences "matérielles", on ne sait en réalité qui des outils ou des usagers conduit le mouvement tant il s'influencent mutuellement pour entraîner un rythme de progression encore inconnu dans l'histoire des technologies, qui engendre des systèmes "socio-techniques" porteurs d'évolutions fondamentales dans les domaines intellectuel, culturel, social, économique, politique et autres.

Quel sera la place de l'individu dans ce nouvel espace aux contours flous ? Parce que dans un avenir proche il pourra fonctionner en réseau avec des partenaires distants et variés, l'individu connecté font de ses connaissances s'affirmera comme le mutant du 21ème siècle.

Si nous pays africains avons raté la révolution industrielle c'est d'abord et avant tout parce que nous n'avons pas eu le choix de nous impliquer à ses divers stades d'évolution. L'esclavage et la colonisation ont fonctionné comme facteurs imparables d'exclusion et de confinement hors de l'espace industriel.

Cette situation s'est poursuivie après les indépendances avec la mise à l'écart de notre continent des grands programmes de solidarité internationale qui ont permis de reconstruire des pays dévastés par les grandes guerres du siècle passé.

Quel continent a mérité plus que l'Afrique de plans Marchal pour cause de dévastation ? En lieu et place ce sont des décennies d'ajustement structurels que nous avons enduré ; alors que la dérégulation de nos systèmes de télé-communication a conduit au remplacement des monopoles d'Etat par des monopoles privés.

La distance aujourd'hui respectable entre "info-riches" et "info-pauvres", qui du reste se manifeste également à l'intérieur des pays pris d'isolement, constitue une des tendances essentielles qu'il convient d'examiner sans tarder afin que le mouvement d'exclusion qui en découlerait soit contenu et inversé.

Oui l'Afrique sera condamnée si elle ne prend pas part résolument à la société de l'information. 

Nous le savons bien, une articulation puissante relie la société de l'information à la révolution de nos systèmes de santé, d'éducation et de transport pour ne citer que ceux là. La situation désorganisée des moyens de transport et de communications handicapent lourdement l'Afrique tandis que ses besoins en formation et en infrastructures sanitaires sont immenses.

Le multimédia, la formation à distance, l'utilisation des systèmes de communication sans fils, les télé-services sont entre autres des moyens qui devraient permettre d'améliorer notablement en moins d'une génération la situation du continent. 

Ces technologies de l'information et de communication (TIC) ouvrent bien des perspectives nouvelles et efficaces en matière de processus d'acquisition des savoirs (travail coopératif entre groupes distants), et en cela, elle conforte votre choix de travailler sans tarder au développement des ressources humaines en particulier par la formation. 

Comme nous le constatons chaque jour, le fossé numérique s'approfondit entre le nord et le sud, et des lignes de fracture numérique se dessinent à l'intérieur de chaque pays. Le prochain Sommet Mondial sur la Société de l'Information ne pourra pas faire l'économie d'un examen attentif de ce phénomène qui vient s'ajouter aux disparités sociales et économique trop criardes entre le nord et le sud. 

Ce sommet doit considérer avec le maximum d'attention la proposition du Président Abdoulaye Wade pour la mise en place d'un fonds de solidarité numérique visant prioritairement à satisfaire la demande non solvable, alimenté par des contributions volontaires et administré conjointement par les trois partenaires que sont la société civile, le secteur privé et les pouvoirs publics. Sans exclure les mécanismes de financement du développement existant, ce fonds, par sa réactivité, la spécificité de ses objectifs et la souplesse de sa gestion est sans conteste une réponse appropriée à la question centrale de l'exclusion qui frapperait une immense partie de l'humanité dans la société de l'information.

Je sais que l'un de vos ateliers est centré sur cette question.

Pour conclure, je voudrais soumettre à votre appréciation quelques questions qui me semblent importantes à discuter.

  • La mondialisation plutôt que de les gommer, est une puissance révélateur des particularismes et des identités.

  • Internet aussi, contrairement à la crainte d'uniformisation exprimée par certains, sera un puissant vecteur d'affirmation des identités, culturelles notamment.

  • Chaque communauté devrait trouver dans la multitude de possibilités offertes par la société de l'information en gestation, une manière originale de s'exprimer en gardant la spécificité qui s'attache à son identité. A cet égard les communautés pour qui l'oralité est un trait caractéristique de civilisation devraient y trouver un puissant outil d'affirmation et de communication.

  • La vitesse à laquelle les pays du sud, ceux d'Afrique notamment mettent en oeuvre des programmes d'utilisation des TIC est la preuve de la possibilité de s'impliquer activement dans la société de l'information dans de délais relativement courts. 

  • La vrai bataille qu'il ne faut pas perdre sur ce réseau est celle des contenus : banques de données, commerce électronique, numérisation du patrimoine culturel, usage pour la bonne gouvernance.

  • En toute circonstance, c'est de communication entre les hommes qu'il est question. Les machines et les technologies associées ne devraient avoir comme seule finalité que de faciliter celle-ci. 

En souhaitant plein succès à vos travaux, je déclare ouvert le "Symposium International sur le Volontariat et le Développement de Compétences Humaines dans la Société de l'Information". 

Je vous remercie.

World Wide Volunteer  tapa
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