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Transfert du savoir, Volontariat et Internet

Sylvie Niombo
13 octobre 2003

Contexte

Dans la déclaration du Millénaire les pays membres des Nations Unies ont promis faire du droit au développement une réalité pour tous. Le développement va de pair avec l'adaptation aux Nouvelles technologies de l'information et de la communication qui sont utilisées à plusieurs desseins. 

Pourquoi le transfert du savoir ?

L'Afrique est tributaire de la technologie occidentale et asiatique, c'est ainsi que dans le domaine des Technologies de l'information et de la communication, le transfert du savoir revêt un grand intérêt. 

Comment et avec qui ?

Traditionnellement, le transfert du savoir ou des connaissances s'effectue par le biais des formations scolaires, dans les entreprises, des formations par correspondance et autres. 

Aujourd'hui l'Internet offre une opportunité intéressante de transmission des connaissances et d'apprentissage. Le volontariat ou le bénévolat en ligne est une solution moins coûteuse pour assurer de façon interactive le transfert des connaissances, partager les bonnes pratiques et les expériences dans divers domaines, y compris les TICs.

Avec l'Internet, il n'est plus obligé de se déplacer ou de s'expatrier pour participer à une cause sociale ou économique. Le bénévole en ligne gagne du temps dans la transmission de l'information.

AZUR Développement, qui est une ONG congolaise travaille avec des bénévoles de plusieurs pays : Cameroun, RDC, USA, Italie et autres, mobilisés principalement par l'intermédiaire de Actions sans Frontières mais aussi du site Web D'AZUR. Ces bénévoles apportent une contribution significative dans l'élaboration de projets, la conception des sites web, la traduction de documents et le fonctionnement d'un réseau en ligne. 

Cependant, il s'avère crucial de se demander si Internet permet aux volontaires d'assurer efficacement le transfert du savoir ?

En dépit des avantages que l'Internet présente pour le volontariat et le développement des compétences, de nombreuses contraintes existent.

- L'infrastructure

Le volontaire ou le bénévole et le bénéficiaire de la formation doivent avoir accès à un ordinateur et à la connexion Internet. Le bénéficiaire doit avoir une connaissance de base de l'outil informatique. Une étude récente sur l'utilisation des TICs par les ONGs au Congo a montré que 60 % des ONGs en ville n'ont pas de matériel informatique et 82% se rendent dans les cybercafés avec une faible fréquentation de 7 heures par mois. Le prix d'un ordinateur varie entre 600 et 2000 dollars US qui représentent plusieurs mois de salaires d'un congolais.

- La pédagogie

Bien que plusieurs formations, ateliers et autres soient tenus sur Internet, gratuites ou payantes, la méthode d'apprentissage par Internet exige une bonne adaptation à la technologie. Il ne faudrait pas aussi négliger la présence physique de l'humain qui est fondamentale et que même la messagerie instantanée ne peut remplacer.

- Les contraintes linguistiques

La prédominance quasi-totale des contenus Web en langues occidentales représente un frein au partage des connaissances. Ces contraintes linguistiques posent même le problème de la préservation de l'identité culturelle africaine.

- Les clivages 

Le transfert du savoir par Internet reste limité les clivages entre le Nord et le Sud, entre les villes et le milieu rural et entre les différentes couches sociales d'une société et même entre les ONGs. Des groupes sont marginalisés : les analphabètes, les personnes démunies et les handicapés.

Sachant que les ONGs qui ont accès aux TICs sont celles qui ont les moyens financiers et techniques, comme pour le cas du Congo, où sur 20 ONG enquêtées en milieu rural, 94% seulement ont un équipement informatique, l'on se demande même si les TICs ne créent pas des relations de pouvoir entre les ONGs urbaines et rurales ?

Au Congo, l'Internet n'est pas présent en milieu rural, à cause de l'absence d'investissement et du manque de l'électricité dans la majorité de ces zones.

Les faits montrent que les TICs renforcent la relation de supériorité entre différentes ONGs nationales parmi lesquelles les plus fortes sont appelées ONGs leaders. Elles sont privilégiées pour les financements et l'accès aux ressources documentaires.

Le rôle des volontaires ou bénévoles dans la réduction des clivages

- Le multilinguisme

Il est vrai que même AZUR Développement qui travaille avec des bénévoles en ligne utilise les langues occidentales. Cependant des possibilités d'adapter des contenus destinés aux populations locales en langues africaines doivent être explorées.

Les volontaires ou bénévoles peuvent travailler à traduire les contenus en langues africaines comme le swahili et participer à l'élaboration de ce genre de projets.

Interrogée au sujet des freins à l'utilisation des langues africaines sur leur site Web Idealist, Yifru Mahlet d'Actions Sans Frontières, répond : " A part des raisons techniques, nous avons aussi des problèmes financiers qui nous empêchent d'accomplir cette tache. Et cela est vrai non seulement pour les langues africaines mais pour toute autre langue que nous aimerions ajouter sur notre site Web ".

- Le développement des compétences humaines dans les TICs

L'expérience d'AZUR Développement montre que les volontaires ou bénévoles jouent un rôle important dans la formation des membres d'ONGs à l'utilisation de l'Internet.

Avec l'appui du Secrétariat Exécutif Permanent du Conseil de Lutte contre le SIDA et du PNUD a démarré un programme de renforcement des capacités des membres du Réseau National de lutte contre le SIDA (RENOSI) dans le domaine de la communication et de l'Internet.

Avec nos bénévoles, nous avons démarré avec un forum de discussion en ligne sur le SIDA au Congo pour avoir une situation globale des activités des ONGs dans ce domaine. A ce jour, 30 ONGs se sont inscrites et la participation reste modérée car beaucoup d'ONGs n'ont pas les compétences humaines nécessaires et les moyens de se connecter fréquemment à l'Internet.
Une formation de ces ONGs à l'utilisation de l'Internet par ces bénévoles est prévue pour le mois d'octobre avec l'appui de l'UNICEF.

- La mobilisation des volontaires : l'Internet reste un atout considérable

Au Congo, les formations à l'utilisation de l'informatique et de l'Internet coûtent en moyenne 25 dollars US par mois, mais les ONGs ne sont toujours pas en mesure d'y faire face. Il devient donc difficile pour ces ONGs de bénéficier des ressources de l'Internet. Dans un pays, où les jeunes diplômés sont voués au chômage, la mobilisation des volontaires ou bénévoles est difficile car ceux -ci cherchent d'abord à se nourrir. 

C'est ainsi que parfois le principal choix reste celui des volontaires ou bénévoles en ligne, mais qui est aussi associé aux contraintes techniques et financiers que nous avons déjà énumérés. La mobilisation des volontaires ou bénévoles en ligne est d'autant plus aisée sur Internet à partir des sites Web et moins coûteuse que par d'autres moyens.

Les financements de l'infrastructure : la voie du salut

En conclusion, le transfert du savoir par le biais de l'Internet par les volontaires ou bénévoles est possible et représente un des maillons de la chaîne du développement pour le changement social et économique. L'on ne peut parler de réduction du fossé numérique entre le Nord et le Sud, entre les villes et les campagnes s'il n'existe pas de compétences humaines dans le domaine des Technologies de l'information et de la communication.

Dans des pays africains qui ploient sous le poids de la dette extérieure, de la hausse du taux d'infection du VIH/SIDA et de la pauvreté, la solution demeure l'obligation du Nord de financer l'infrastructure des TICs. Mais aussi, la mise en oeuvre des stratégies nationales qui associent la société civile pour une vulgarisation efficace des TICs. Afin d'offrir aux bénévoles ou volontaires une plateforme pour le transfert du savoir par l'Internet pour tous.

Sylvie Niombo
Email : sniombo@yahoo.fr

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