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Rapport (Partie 3): Conférence sur le Volontariat et les TIC

Genève, Suisse, 7 au 8 décembre 2003
ICVolunteers.org
07 décembre 2003

Groupe spécial: applications réussies de TIC dans le domaine du volontariat

Date: 8 décembre 2003, 9h00 à 10h00
Modérateur: Diane Trahan, Netcorps Cyberjeunes
Rapporteurs: Topias Issakainen, ICVolontaires
Orateurs:

  • Luis Felipe Murray of Sociedade Iko Poran
  • Pierre Carpentier (Afrique Initatives, people@net
  • Mohamed Ibrahim Cisse, Maire de Tombouctou
  • Arman Vermishyan de Internet Forum Environment Armenia
  • Bill Gunyon, OneWorld Directeur de projet et coordinateur de the OneWorld Volunteer Editors

Les présentateurs membres de gouvernements, d’ONG ou d’organisations du secteur privé ont donné des exemples de partenariats réussis entre le secteur du volontariat et d’autres secteurs. Luis Felipe Murray de Sociedade Iko Poran (Brésil) a expliqué comment le partenariat menait à des synergies à la fois entre les ONG elles-mêmes et entre les ONG et le secteur privé. D’abord, Pierre Carpentier d’Afrique Initiatives, une société du secteur privé, a expliqué comment les volontaires et le secteur privé ont des rôles complémentaires dans le domaine du développement durable. Puis, Mohammed Ibrahim Cissé, Maire de Tombouctou (Mali), a montré comment les gouvernements, notamment ceux des pays en développement, peuvent bénéficier des partenariats impliquant plusieurs acteurs, y compris les volontaires, en donnant l’exemple de sa ville. Arman Vermishyan du Youth Environment Center Network (Arménie), quant à lui, a expliqué que la combinaison du volontariat avec les TIC peut augmenter la participation des jeunes dans des décisions qui avaient une incidence sur leur vie et leur avenir, notamment celles concernant l’Europe de l’Est. Finalement, Bill Gunyon, chef de OneWorld Volunteer Editors, a parlé de la combinaison entre un esprit volontaire et l’accès aux médias mondiaux et de la façon dont de cette union pouvait augmenter la transparence, l’autonomie et le développement durable.

Le partenariat mène à la synergie au Brésil: l’exemple de Iko Poran

Luis Felipe Murray de Sociedade Iko Poran (Brésil) (www.ikoporan.org). L’ONG Iko Poran (IKP) a pour mission de soutenir le nombre croissant d’ONG au Brésil et de les renforcer. IKP voit le volontariat comme un partenariat devant aussi bien satisfaire les volontaires que profiter aux ONG concernées. Etant donné que ces deux acteurs ont des intérêts communs, les deux en seront valorisés. De toutes façons, les organisations du secteur tertiaire ne réussiront pas en travaillant seules. Toutefois les traditionnelles motivations philanthropiques du volontariat cèdent la place aux alliances stratégiques. En effet, IKP compte parmi ses principaux partenaires IBM, VNU, l’UNESCO, Yes Brazil (grande boutique de mode), les organisations touristiques et le Programme des Volontaires Internationaux Associés (basé aux Etats-Unis).

L’un des partenariats les plus intéressants d’IKP est celui d’IBM. En effet, IBM achète certains services à IKP et, par la même occasion, ouvre à cette dernière de nouveaux marchés. Ainsi, il existe un programme qui permet à dix employés issus de différents services d’IBM d’installer des ordinateurs dans de petits villages brésiliens. Dans cette opération, tout le monde y trouve son compte: l’école bien sûr, mais aussi IBM qui assure l’expansion de sa responsabilité d’entreprise. De plus, les employés d’IBM peuvent ainsi découvrir la réalité sur le terrain, retourner au travail, plus motivés, et partager leur expérience avec leurs collègues. Les intérêts d’IBM et d’IKP ne sont pas identiques, ils se complètent néanmoins parfaitement.

Travailler avec des volontaires pour trouver des modèles de développement durable en Afrique

Pierre Carpentier (Afrique Initatives, people@net) a expliqué comment il avait progressivement apprécié les volontaires en tant que partenaires. Selon M. Carpentier, la coopération entre le secteur privé et la société civile est non seulement possible, mais nécessaire. Tant le secteur privé que tous les autres acteurs ont besoin l’un de l’autre pour efficacement faire face aux problèmes mondiaux, tels que le développement durable. Un projet durable est un modèle économiquement viable et, par conséquent, reproductible en d’autres lieux. Carpentier a expliqué que, vu que sa compagnie est principalement active sur le continent africain, la solidarité est un élément clé pour son travail. Afrique Initatives a besoin de partenariats réels et solides. La Famille des Volontaires est un partenaire idéal car il s’agit d’un organisme qui se trouve sur le terrain, ce qui veut dire que les volontaires sont familiers avec les problèmes de développement et les besoins concrets. Pésinet, un projet d’Afrique Initiatives à St Louis (Sénégal) montre qu’il existe des applications de TIC dont la durabilité peut être assurée. Sur 30 propositions, huit ont effectivement été mises en œuvre et ont aujourd’hui été adoptées par la population locale. Une équipe de dix personnes collaborant avec ENDA Tiers-Monde et d’autres services ont fourni des prestations telles que la météorologie pour la pêche ou encore une antenne de santé pour enfants. Cette dernière permet aux médecins de surveiller la santé des plus jeunes en suivant les courbes de poids des nourrissons. M. Carpentier considère qu’à l’heure actuelle les possibilités de commerce électronique sont plutôt limitées voire qu’elles relèveraient de la science-fiction. Tout système viable peut trouver sa place grâce au financement et au partenariat technique. Enfin, ce sont les volontaires qui peuvent garantir sa bonne mise en oeuvre, comme le prouve l’administration virtuelle de Tombouctou (www.tombouctou.net).

Mohamed Ibrahim Cisse, Maire de Tombouctou, Mairie virtuelle

Entourée par le désert, Tombouctou, ville ancienne située près du fleuve du Niger, est non seulement un centre culturel et d’éducation, mais également un chef-lieu administratif du Mali. Un télécentre communautaire polyvalent comprenant un cybercafé y a été créé en 1998. A Tombouctou, il existe un intérêt croissant pour les nouvelles technologies et la connectivité avec le monde extérieur.

Les jeunes sont les principaux utilisateurs de ce centre, mais d’autres entités (groupements de femmes, groupes religieux et autres) l’utilisent à des fins administratives et de gestion. La connexion y est quasiment gratuite, ce qui permet aux élèves de l’utiliser pour leurs études. Le site www.tombouctou.net donne diverses informations d’ordre régional, tandis que le service "la mairie vous écoute" permet aux populations locales d’avoir des informations sur les démarches administratives. Le résultat de cet intérêt pour la technologie et de l’ouverture au monde extérieur est que Tombouctou, l’une des 703 communes du Mali, est sortie de l’isolement et que les autorités locales, décentralisées, sont plus transparentes. Cela a été possible grâce à des financements venant de l’ONU et il est souhaitable de pouvoir étendre ce type d’expérience à d’autres communes.

La télé-médecine est une autre application des nouvelles technologies: les médecins, isolés dans les communes rurales peuvent, grâce à Internet, recevoir des informations de collègues expérimentés situés à des milliers de kilomètres, rendant ainsi possible le traitement de patients dans leurs propres villages. En effet, les déplacements vers la ville sont souvent difficiles, voire impossibles.

Combiner la jeunesse, l’environnement et Internet en Europe de l’Est

Arman Vermishyan du "Internet Forum Environment Armenia" a présenté son projet: un réseau de centres jeunesse pour l’environnement. Il a souligné que les coûts élevés des services Internet dans les pays en développement font que l’accès y est insuffisant voire impossible, ce qui est particulièrement problématique pour les étudiants. De plus, même lorsque l’accès au réseau existe, l’information n’est pas toujours utilisée de manière efficace et utile. La jeunesse arménienne porte un grand intérêt pour l’environnement, mais il y a une pénurie des centres de formation. Cette pénurie a pour conséquence une mauvaise coordination des activités tant au niveau local que national. Il existe de nombreux problèmes sur le plan local et un réseau rendrait possible l’intégration des communautés rurales dans le processus de décision. Vermishyan a expliqué que lui et ses collègues étaient à la recherche de fonds pour créer le réseau de centres jeunesse pour l’environnement (YECs), dont les objectifs sont de promouvoir les activités environnementales, de fournir de l’information et d’assurer formation et séminaires. Le but du réseau est d’établir un lien entre les différentes branches des YECs, ainsi qu’entre les YECs, le gouvernement et les organisations internationales.

OneWorld Volunteer Editors: élaborer des nouvelles dans le Sud pour les Nord grâce au volontariat

Grâce à un réseau de 12 centres régionaux, OneWorld a créé une communauté virtuelle connectant plus de 1 500 organisations partenaires actives dans les domaines des droits de l’homme et du développement durable. Son produit le plus visible est le portail de développement www.oneworld.net, site multilingue créé en 1996, fréquenté aujourd’hui par les internautes d’une centaine de pays à la recherche de nouvelles et d’analyses concernant des sujets souvent négligés par les médias généralistes. Jusqu’à tout récemment, les éditeurs du site étaient tous des journalistes professionnels ou des travailleurs du développement, mais, à l’heure actuelle, des pages spécifiques sont éditées par des volontaires. Ces volontaires (aujourd’hui au nombre de 35) sont recrutés par Netaid, le site et le bureau régional de OneWorld. Les éditeurs volontaires ont changé la perspective stratégique de toute l’organisation et contribuent à corriger le déséquilibre conséquent à la prédominance d’éditeurs du Nord. Dans le cas du Sénégal et d’autres pays, des volontaires locaux se chargent de mettre à jour le contenu des pages du site. L’information est alors fournie par des personnes du Sud et lue principalement par un public résidant aux Etats-Unis et en Europe. Vu l’impossibilité de former les volontaires sur place, OneWorld a également développé une version simplifiée du système de gestion de contenu, permettant aux éditeurs volontaires d’enregistrer leurs articles directement sur le portail de OneWorld. Des outils de gestion d’articles permettent aux coordinateurs de OneWorld d’éditer et de publier les articles écrits par des volontaires dans les différents pays. Dans le contexte de ce projet, ces outils sont l’illustration la plus évidente des possibilités d’application des TIC dans les pays en développement, par le fait qu’elle connecte directement des volontaires du Sud à un public mondial.

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